La grande richesse des cépages portugais

Les meilleurs cépages portugais

Les cépages portugais sont au nombre de 341 reconnus par L’Instituto da Vinha e do Vinho (Institut de la vigne et du vin). Dont plus de 250 totalement originaires du pays. Ce qui fait du Portugal l’un des plus riches en termes d’ampélographie (l’étude de la vigne et de ses variétés). Pour le seul Porto, on compte déjà plus de 80 cépages différents. En comparaison, avec des surfaces cultivées quatre fois plus importantes qu’au Portugal, 210 cépages « seulement » sont autorisés en France.

Un travail de sélection unique

Pour autant, cette grande diversité est-elle un avantage ou un handicap pour le vin portugais ? Tous les experts n’ont pas le même avis. Ils s’accordent néanmoins pour reconnaître qu’il s’agit d’une véritable richesse. Elle permet aujourd’hui aux viticulteurs de réaliser un travail de sélection unique. Et surtout de se démarquer, comme la France, l’Italie ou l’Espagne, des pays devenus producteurs plus récemment. Aux États-Unis, en Australie ou au Chili, On retrouve en effet surtout les mêmes cépages importés : Cabernet-sauvignon, Pinot noir, Chardonnay…

Les principaux cépages portugais

En 2018, l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV) publiait une étude de référence intitulée Distribution variétale du vignoble dans le monde. Elle prenait en compte les données recueillies dans 44 pays producteurs. Près de 10 000 cépages y sont référencés.  

Pour le Portugal, les 10 premières variétés étaient, dans l’ordre décroissant :

  • Le Tinta roriz (ou Tempranillo espagnol) : 18 000 hectares (9% des vignobles)
  • Le Touriga Franca : 15 000 ha (7,5 %)
  • Le Castelão, ou João de Santarem : 13 000 ha (6,5 %)
  • Le Fernão Pires (blanc) : 13 000 ha (6,5 %)
  • Le Touriga Nacional : 12 000 ha (6,0 %)
  • Le Trincadeira : 11 000 ha (5,5 %)
  • Le Baga : 7 000 ha (3,5 %)
  • Le Síria (blanc) : 7 000 ha (3,5 %)
  • L’Arinto (blanc) : 6 000 ha (3,0 %)
  • Le Syrah : 6 000 ha (3,0 %)
Répartition des cépages portugais
Source :étude de l’OIV

À noter : ces 10 premières variétés de cépages portugais ne représentent que moins de 55 % de la superficie totale du vignoble , soit 108 000 hectares sur 199 000 hectares. Ce qui témoigne une nouvelle fois de la richesse et de la diversité de la viticulture de ce pays. À titre de comparaison, le seul cépage Merlot est présent en France sur 100 000 hectares. Et les 10 premières variétés représentent plus de 70 % de la surface du vignoble dans l’hexagone.

À lire aussi : L’ensemble de l’étude de l’OIV

Les cépages portugais rouges

Difficile de lister ici les 341 cépages autorisés au Portugal pour la viticulture. Mais voici les principales variétés reconnues et leurs caractéristiques, par ordre alphabétique.

Alfrocheiro

Longtemps considéré comme fragile, car sensible aux maladies de la vigne, il s’est forgé une belle réputation au fil du temps. Très présent depuis des générations dans la région du Dão, on le trouve aussi fréquemment dans le Douro. Et depuis une vingtaine d’années, l’Alfrocheiro a étendu son territoire vers l’Alentejo et le Ribatejo.

Sa couleur est profonde et sombre et il est réputé pour ses arômes de fruits des bois et épicés.

Aragonez (Tempranillo ou Tina roriz dans le Douro)

Les voisins espagnols le nomment « Tempranillo ». Et c’est leur droit, puisqu’il ne s’agit pas d’un cépage portugais mais bien d’une variété d’origine espagnole, qui a passé la frontière il y a bien longtemps, au gré des flots du fleuve Douro. On le récolte tôt car le raisin est précoce, d’où son nom espagnol, « temprano » pouvant se traduire par « tôt ».

Ses vins ont généralement un bon potentiel de vieillissement et il possède un arôme soutenu de prune et fruits des bois.

Baga

Lui mûrit plus tard que les deux variétés précédentes. On le trouve essentiellement dans la région de Bairrada. Mais il est aussi présent plus marginalement dans les régions de Beira et du Ribatejo.

Sa robe est profonde et sombre. Les vins produits sont riches en tannins et vieillissent très bien, même au-delà de dix ans. Il est également utilisé dans la production de vins pétillants, pour lesquels ses notes de groseille, de mûre et de poivre font merveille.

Castelão (João de Santarém ou Periquita)

C’est plutôt un cépage du sud, très présent dans l’Alentejo, la péninsule de Setúbal, dans le Tejo et dans la région de Lisbonne. Il apprécie particulièrement les régions côtières et s’adapte à tous les types de sol, sableux ou schisteux.

Jeune, il est plutôt tannique, mais les années le rendent plus doux, grâce notamment à des arômes de framboise et de groseille très présents.

Jaen

C’est l’un des plus anciens cépages répertoriés au Portugal, puisque l’on en retrouve la trace dans des écrits du 14ème siècle. Et malgré sa fragilité et sa sensibilité aux maladies de la vigne, il a surmonté les épreuves. Il a franchi les siècles pour rester très présent dans les vignobles, surtout dans la région du Dão, où il est récolté tôt.

Ses vins ont une robe rouge profonde, portée par un arôme de fruits rouges prononcé, avec très peu d’acidité.

Tinta Barroca

Sa résistance aux maladies et sa vivacité en ont fait une variété très appréciée, notamment dans la région du Douro. Mais on le préfère en assemblage, que ce soit pour le vin ou le Porto. Récolté tôt, car il est précoce, mais conserve une forte teneur en sucre et donc en alcool.

Il donne au vin une belle couleur rubis, qui pâlit un peu avec les années, mais conserve ses arômes de fruits rouges (cerise et framboise), de fleurs et d’épices.

Tinta Negra

C’est la principale variété présente sur l’île de Madère, mais que l’on retrouve aussi dans plusieurs régions du Portugal, où sa robustesse a su séduire des viticulteurs. Et ne vous laissez pas tromper par sa robe pâle, sa teneur en sucre et en alcool est élevée.

Tinta Cão

Bien que présent depuis 200 ans dans la région du Douro, cette variété était peu appréciée, jusqu’à ce que ses qualités se révèlent, il y a une quarantaine d’années, dans les assemblages de vins de Porto.  Depuis, on le retrouve occasionnellement dans d’autres régions où on l’associe le plus souvent avec le Touriga Nacional ou le Tinta Roriz, notamment dans le Dão ou la péninsule de Sétùbal.  

Il est récolté assez tard, et donne aux vins une agréable touche florale.

Tinta Roriz (voir Aragonez plus haut)

Touriga Franca (souvent appelée auparavant Touriga Francesa)

C’est une variété du nord, très présente dans le Douro et dans la région de Tràs-os-Montes, où elle est particulièrement réputée. Ce succès, ajouté à sa grande résistance aux maladies, lui a ouvert les portes depuis plusieurs générations d’autres régions : Bairrada, Ribatejo, péninsule de Sétùbal…

Elle donne aux vins une couleur profonde et un arôme particulièrement fruité.

Touriga Nacional

C’est l’une des stars des cépages portugais. Il doit moins sa notoriété à sa présence dans les vignobles portugais (6% des surfaces cultivées) qu’à la grande qualité des vins qui l’utilisent. Son rendement est faible, c’est sans doute la principale raison pour laquelle les viticulteurs n’y ont pas plus souvent recours. Mais on le trouve aussi bien dans les meilleurs vins du Douro et du Dão que dans les assemblages du vin de Porto.
Puissant, il est riche en tannins bien structurés et produit des vins complexes tout en restant équilibrés. Avec des notes florales, de violette et d’acacia, de baies sauvages, de pin et d’eucalyptus.

Trincadeira (appelé aussi Tinta Amarela dans le Douro)

On le trouve du nord au sud du pays. Mais il préfère incontestablement le climat sec de l’Alentejo, même si on le trouve beaucoup aussi dans le Douro, sous l’appellation Tinta Amarela. Il est un peu fragile et sensible aux maladies favorisées par l’humidité, d’où sa meilleure résistance sous le soleil du sud.

Ses vins sont souvent peu alcoolisés, ce qui n’entame pas leur capacité de vieillissement. Ils sont d’une belle couleur soutenue. Leurs arômes fruités (prune, mûre) s’accompagnent de notes de chocolat, de poivre et d‘un léger parfum herbacé.

Les cépages portugais blancs

Alvarinho

C’est LE cépage de la région du vinho verde, au nord-est du Portugal. Où sa peau très épaisse a su le protéger des différentes vagues de maladies de la vigne au fil des siècles. Récolté tôt, il possède en revanche un rendement assez faible.
Ses vins, de très bonne qualité, sont généralement non associés à d’autres cépages. Parfois tout de même au cépage Trajadura. Ils sont secs avec des notes aromatiques toutefois bien présentes de fleurs, fruits tropicaux, fruits secs et miel.

Antão Vaz

On trouve cette variété de raisin principalement dans la région de l’Alentejo. Un cépage rustique qui apprécie un climat sec et est peu sujet aux maladies. Ses vins blancs révèlent une grande richesse d’arômes, notamment de fruits tropicaux. Il est très résistant à la sécheresse et aux maladies. Les vins produits à partir de ce cépage sont très aromatiques avec principalement des saveurs de fruits tropicaux. Ils présentent souvent un degré en alcool assez élevé et offrent une belle complexité.

Arinto (ou Pedernã)

C’est un cépage blanc que l’on retrouve principalement dans la région de Lisbonne (Bucelas) mais aussi en vinho verde. Il a rendement assez faible, mais son caractère et son acidité lui assurent toujours un bel intérêt. L’Arinto vieillit aussi bien en fûts qu’en bouteille et ses arômes de citron, d’ananas avec une touche de miel sont appréciés des amateurs.

Avesso

Cépage rustique, on le trouve essentiellement dans le Nord-Ouest du Portugal et notamment dans la région du Vinho verde. En monovarietal, ses vins révèlent des arômes mêlés de pêche et d’orange, de fruits secs et de fleurs. Ils sont bien structurés et complexes. On trouve également souvent l’Avesso associé à l’Arinto.

Bical (ou Borrado das Moscas)

Ce cépage est courant pour les vins blancs DOC (Denominação de Origem Controlada) des régions du Dão et de Bairrada. Des vins le plus souvent bien structurés, complexes, parfois pétillants avec une pointe d’acidité.

Les arômes d’agrume, et notamment de citron vert, sont soutenus, avec une note florale.

Encruzado

C’est certainement l’un des meilleurs cépages portugais blancs de la région du Dão, où on le trouve pratiquement exclusivement. Et c’est d’ailleurs sans doute l’un des meilleurs cépages blancs de tout le Portugal. Seul ou en assemblage, il est bien équilibré et vieillit très bien. Son arôme révèle des notes végétales, de fleurs (roses et violettes), de poivron vert, mais aussi de pin.

Fernão Pires (appelé Maria Gomes dans la région de Bairrada)

Ce cépage blanc, le plus planté au Portugal, est surtout présent dans le Tejo, la péninsule de Setúbal et en Bairrada. Il est apprécié aussi bien seul qu’en assemblage, avec des vins parfois légèrement pétillants ou doux pour accompagner un dessert. Des vins riches en arômes de fleurs et d’agrumes.

Fonte Cal

On ne trouve ce cépage qu’en Beira interior, principalement dans les sous-régions de Pinhel et Castelo Rodrigo. De maturation tardive, c’est une variété solide et très productive, qui produit des vins avec un taux d’alcool assez élevé. Des vins bien structurés avec des arômes plutôt floraux et fruités. Le Fonte Cal est généralement utilisé en assemblage, notamment avec le cépage Arinto.

Gouveio (Verdelho dans le Douro)

Ce cépage était auparavant répandu dans toute le Portugal et le nord-ouest de l’Espagne. On ne le trouve plus aujourd’hui que dans le Douro et à Madère, où il a même donné son nom à l’un des principaux vins de l’île. Le Madère Verdelho doit contenir 85% de cette variété pour être homologué. Il est aussi présent dans la vallée du Douro et dans le Trás-os-Montes Il est aussi utilisé dans le Porto blanc. Le Verdelho est réputé pour sa teneur élevée en sucre, ses vins bien équilibrés avec des arômes intenses. Ils vieillissent bien en bouteille.

Loureiro

On le trouve dans la région de l’alto minho, où l’on produit le vinho verde, au nord-ouest du Portugal. C’est d’ailleurs l’un des cépages qui a permis de redonner ses lettres de noblesse au « vin vert » au cours des vingt dernières années. Des vins qui doivent être bus jeunes et qui révèlent généralement des arômes d’agrumes et d’acacia, légèrement acidulés.

Malvasia Fina (appelé aussi Arinto Galego ou Assario branco)

Une variété de cépages portugais qui est surtout présente dans les régions intérieures du nord, dans le Douro et dans la sous-région Távora-Varosa. Son manque de résistance face aux températures élevées l’a cantonné dans la moitié la plus tempérée du pays.

Ses vins sont moyennement acides, peu complexes et ses arômes délicats.

Moscatel

Ce n’est pas l’un des cépages portugais d’origine, puisqu’il vient du Moyen-Orient et a été introduit dans le pays par les Romains il y a près de 2 000 ans. Il s’est transformé au fil du temps et on dénombre désormais trois sous-variétés. Toutes sont destinées à produire des vins liquoreux, très aromatiques, notamment dans le Douro et dans la péninsule de Setùbal.

Siria (ou Côdega ou Roupeiro)

Ce cépage portugais est surtout présent dans les régions intérieures du Portugal. On le trouvait à l’origine plutôt en Alentejo, mais ses raisins supportaient mal les grandes chaleurs du sud. Aujourd’hui dans les régions plus fraîches de Beira interior et du Dão, il produit des vins élégants.

Trajadura

Cépage blanc de la région du Vinho verde, dans le nord-ouest du Portugal, il est souvent associé à l’Alvarinho pour proposer d’excellents vins secs.

Verdelho (voir Gouveio plus haut)

Viosinho

On trouve ce cépage noble essentiellement dans le Douro, notamment pour la production de vins de Porto, et dans la région de Trás-os-Montes. Ses vins ont une belle structure, avec fraîcheur et arômes complexes de fleurs.

Leave Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *